Entre délestage et coupures d’eau à Diégo-Suarez

Article : Entre délestage et coupures d’eau à Diégo-Suarez
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4 décembre 2015

Entre délestage et coupures d’eau à Diégo-Suarez

Cela fait des années maintenant que la population malagasy vit dans le noir. Ceci est dû au fait que la société nationale de production d’électricité n’arrive plus à satisfaire le besoin croissant de ses clients. Ainsi, pendant les périodes de propagande aux élections, ceci est devenu l’argument de prédilection des différents candidats pour se faire élire.

Lors des élections présidentielles de Madagascar le 20 décembre 2013 par exemple, l’actuel président a assuré que, s’il était élu, il s’engageait personnellement à résoudre les problèmes de délestage dans les trois mois, et au plus tard, six mois après son accession au pouvoir, et ce dans toute l’île (voir vidéo ci-dessous). Deux ans s’étaient écoulés depuis. Cela fait maintenant 23 mois qu’il dirige le pays (il a commencé le 25 Janvier 2014), et on dirait que le problème ne fait qu’empirer.

A Diégo-Suarez, on compte en moyenne une à deux heures de coupure d’électricité par jour, sans compter la nuit. Ainsi donc, le nombre de cambriolages ne fait qu’augmenter. Et pour couronner le tout, cela fait plusieurs mois maintenant qu’une grande partie de la population n’a plus accès à l’eau durant la journée.

Déjà que durant la saison des pluies, dès que la pluie tombe assez fort, l’eau du robinet est coupée car elle devient boueuse. De plus, la JIRAMA (Jiro sy Rano Malagasy, Electricité et Eau de Madagascar) ne dispose pas de technologie pour détecter les crues et interrompre automatiquement l’arrivée d’eau chez eux ; ce qui n’est pas vraiment étonnant vu que leurs matériels datent probablement de la colonisation.

bidon jerricane jaune
Ces fameux jerricanes jaunes qu’on trouve presque partout en Afrique pour recueillir de l’eau. Crédit Photo: Karim Attoumani

Ainsi donc, après une dure journée de travail, les habitants de la ville doivent encore veiller pour pouvoir recueillir de l’eau à utiliser le lendemain. En effet, dans le meilleur des cas, l’eau commence à marcher à partir de 3 heures du matin pour s’arrêter net à 4 heures du matin. Au fur et à mesure que le temps passe, le nombre de quartiers sans eau augmente.

Personne n’a jamais fourni d’explications quant à la cause de ce problème, ni les autorités et encore moins la JIRAMA. Les spéculations vont bon train. En gros, les gens pensent que l’eau qui est censée venir dans leurs foyers est détournée en chemin pour arroser les plantations de khat quelque part en brousse. Raisonnement qui peut tenir la route car le khat coûte cher et les consommateurs sont nombreux. De plus, étrangement, il n’y a jamais eu de coupure les jours de fête ; ce qui pourrait signifier que l’arroseur de khat est en congé. Coïncidence ? On l’ignore.

panneau solaire
Crédit photo: Axel Drainville

Ceci dit, je n’ai pas vraiment de solution pour la coupure d’eau, mais pour la coupure d’électricité, on peut trouver de nombreuses solutions qui n’ont aucun effet néfaste sur l’environnement. En effet, Madagascar dispose d’un climat chaud et ensoleillé, et le Nord est particulièrement tempéré par le « varatraza », un vent provenant du Nord-Est. L’énergie solaire et les éoliennes me semblent donc une solution raisonnable pour remédier au problème. On constate d’ailleurs une hausse du nombre de foyers ayant recours aux panneaux solaires pour s’alimenter en électricité ces dernières années.  Ceci n’est évidemment pas à la portée de tous.

Eoliennes
Crédit photo: Aurélien Catinon

Il est certain que l’investissement initial pour ce projet serait assez conséquent mais vu le nombre et le montant des aides financières que le pays reçoit des autres gouvernements et/ou organismes, cela ne devrait pas poser de problèmes.

Il est cependant surprenant de constater que le gouvernement ne semble pas favoriser cette solution pour remédier à ce problème qui dure maintenant depuis des années. Les potentielles solutions utilisant une énergie renouvelable semblent s’arrêter au stade de possibilité, mais aucune action n’a été entreprise jusqu’à présent.

Heureusement qu’il y a d’autres entités extérieures qui semblent se soucier du sort du petit peuple malagasy, comme ces chercheurs de l’Ecole Polytechnique de Zurich et l’ONG CEAS à travers leur projet « Fabriquons ensemble une éolienne low cost ».

A ce jour, le projet a réuni des fonds qui s’élèvent à 19.702 €. Espérons simplement qu’ils vont arriver à bout de cet intéressant projet, et que la population puisse en bénéficier.

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Commentaires

Fotso Fonkam
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C'est dommage que dans la plupart des pays au monde (et surtout en Afrique) l'accès aux services basiques comme l'eau et l'électricité relèvent du miracle. C'est à de demander si les dirigeants pensent vraiment au peuple. Chez moi, certains quartier font des mois sans lumière et des semaines sans eau. Et quand il y a l'eau, elle est imbuvable. Vraiment dommage.

Sophie
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oui, c'est vraiment dommage en effet! Le problème c'est que tout marche parfaitement dans les résidences des autorités, donc ils ne se sentent pas concernés. Et la population n'ose même pas se plaindre, ce qui est encore plus regrettable.