A Madagascar, la corruption c’est le pain quotidien
Récemment, Transparency International a sorti sa liste de pays les plus corrompus du monde, en mesurant le niveau de corruption perçu dans le secteur public. Madagascar y tient une place assez intéressante, car elle est sur le bon chemin pour devenir le pays le plus corrompu du monde. En effet, elle figure à la 133e place, sur 175 pays.

Ce qui est étonnant car il y a quelques années, le gouvernement a créé le Bureau indépendant anti-corruption (Bianco). Je dois dire que j’étais contente de l’initiative étant donné la corruption dans lequel le peuple vit tous les jours. Mais plus le temps passe, plus la confiance que les gens ont (et que j’ai) en ce bureau diminue.
Les concours comme celui pour devenir élèves inspecteurs du Trésor organisé par le Trésor public Malagasy, sont très convoités. Malheureusement, beaucoup s’abstiennent de concourir étant donné la corruption qui entoure ceux-ci. L’Etat souhaite regagner la confiance des potentiels candidats en engageant et en signant des accords avec le Bianco. Mais nombreux soutiennent que la liste des candidats admis est déjà prête bien avant le déroulement des épreuves et que c’est le Bianco même qui est la source de toute cette corruption. Et qu’apparemment, pour voir son nom apparaître sur cette liste, il faut payer 12 millions d’ariary (environ 3 270 euros) à je ne sais qui travaillant au Trésor public.

Dans de telles circonstances, qu’en est-il du fils de Rakoto qui a pourtant les connaissances et les aptitudes nécessaires, mais qui n’a pas les moyens de payer pour voir son nom apparaître sur la liste ? De plus, pour ceux qui se résignent à payer, il n’y a aucune garantie de voir son nom sur la liste ; auquel cas, ils ne pourront même pas porter plainte !
Dans le pays, les gens capables – généralement de provenant de familles modestes – perdent ce genre d’opportunité au profit d’autres qui ne sont pas à même d’effectuer ledit travail correctement.
La corruption serait-elle la cause de la baisse continue du niveau intellectuel des étudiants actuels, ou est-ce l’inverse ?
C’est une question que je n’arrête pas de me poser dernièrement. Ces dernières années, je remarque que les salles d’examen durant les épreuves ressemblent de plus en plus à une salle de réunion. Le silence des salles d’examen d’antan a fait place à une salle mouvementée et bruyante. Les surveillants censés faire respecter les règlements semblent désormais faire partie du décor … silencieux.
Un exemple marquant concerne les épreuves de l’examen final pour l’année 2014-2015 d’une institution universitaire renommée à Madagascar il n’y a pas si longtemps. Et j’en ai été le témoin oculaire.
Aussi longtemps que je me souvienne (et j’ai eu ma part d’examens et de concours), les candidats sont autorisés à sortir de la salle d’examen seulement une heure après le début des épreuves. Mais surprise, chacun entrait et sortait comme bon lui semblait à peine l’épreuve commencée. Et le pire c’est que les surveillants ne réagissaient même pas.
Je dois avoir mal compris le règlement relatif à l’examen.
De plus, non seulement ceux qui se conforment aux règlements sont mal vus, mais certains surveillants encouragent et facilitent même les fraudes de la part des étudiants. Où va le monde ?
Ce n’est pas étonnant si le niveau des étudiants se dégrade d’année en année. A l’heure actuelle, même le cancre des cancres ne craint pas d’échouer aux examens, car il existe toujours une personne que l’on peut payer pour voir ses notes s’améliorer. Ce qui est une honte !

La corruption est partout. Et maintenant avec des « éducateurs » qui acceptent et encouragent toutes ces pratiques, comment espérer sortir de la pauvreté ?
Au final, je ne sais pas si la corruption a vraiment causé la baisse du niveau intellectuel des jeunes. Le fait est que maintenant elle imprègne totalement la vie quotidienne des Malagasy.
Je pense sincèrement que l’éducation est la solution pour un développement durable. Le futur est entre les mains des jeunes d’aujourd’hui. Mais si a majorité de ces jeunes réussissent parce qu’ils ont triché et ont été familiers avec la corruption pendant toute la durée de leurs études, le peuple malagasy verra-t-il un jour ce développement, dont le gouvernement ne cesse de parler ?
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